Traces Écrites News : Brenner Tradition, gardien et recréateur de la maison alsacienne
Traces Écrites News : Brenner Tradition, gardien et recréateur de la maison alsacienne

Traces Écrites News:
Brenner Tradition, gardien et recréateur de la maison alsacienne

Publié le par Mathieu Noyer

Une maison typiquement alsacienne en cours de remontage à Wintzenheim-Kochersberg : un puzzle à reconstruire de façon très méthodique. © Brenner Tradition

 

Le charpentier Brenner Tradition s’est imposé comme spécialiste de la restauration des maisons alsaciennes à colombages qu’il démonte puis remonte en essayant de conserver le maximum de poutres anciennes.

 

L’orfèvre de la renaissance des maisons alsaciennes, c’est lui. Le charpentier Brenner Tradition s’est imposé comme spécialiste du sujet. Nombreuses sont les opérations de restauration d’emblématiques habitations à colombages qu’effectue l’équipe d’experts rassemblée dans les ateliers d’Hochfelden (Bas-Rhin) autour de Stéphane Duchossois, le successeur depuis deux ans de Cédric Brenner qui avait dirigé l’entreprise familiale pendant quatre décennies. « Le métier est si spécifique que la seule formation possible, c’est par nous-mêmes ! Même un charpentier expérimenté met 5 à 8 ans pour maîtriser toutes les techniques », estime le gérant.

 

Chaque poutre est soigneusement nettoyée, repolie, ajustée avant de reprendre son emplacement d’origine… ou d’en trouver un nouveau. Particularité de l’exercice, parfaitement validée par les défenseurs de ce patrimoine et autres gardiens de la tradition, le remontage des maisons alsaciennes conçoit d’agréger les éléments de structure d’origine à d’autres, provenant de ruines de constructions.
Ce puzzle, Brenner Tradition sait le mettre en œuvre de façon très méthodique. « Nous stockons soigneusement des éléments, que nous récupérons de différentes manières, par le bouche-à-oreille et jusqu’au Bon Coin », souligne Stéphane Duchossois. Le chêne ancien est la principale essence (80 % des cas), suivie du sapin.

 

Pour le dirigeant de l’entreprise de 10 salariés, la restauration est d’abord un exercice de patience à son démarrage. « Plus on passe du temps avec le client, plus on augmente les chances d’un beau résultat. Cette phase initiale donne l’occasion d’un passage en revue le plus détaillé possible. Au fur et à mesure qu’on ausculte la charpente et qu’on visite le toit, on découvre des colombages d’origine parfois insoupçonnés, de vieilles mortaises, mais aussi des dégradations plus importantes qui obligent à revoir le projet et à poser clairement la question au client : « on y va ? ou on n’y va pas ? ».


« L’objectif, c’est de conserver le maximum, mais parfois, c’est impossible, d’où l’intérêt de ce stock de réserves », souligne Stéphane Duchossois. Et l’entreprise intègre toujours des « provisions pour imprévus », de l’ordre du 5 % du montant prévisionnel.

Chaque poutre est soigneusement nettoyée, repolie, ajustée avant de reprendre son emplacement d’origine… ou d’en trouver un nouveau.
© Mathieu Noyer

 

Une fois remodelée, la maison alsacienne est remontée là où elle se trouvait… ou ailleurs. Autre charme de cet univers, il admet sans problème un déplacement.

Ces maisons ont en effet été conçues pour se mouvoir avec leur propriétaire agriculteur dans les champs et les villages.

Ainsi, celle que Brenner est en train de remonter à Mommenheim se retrouve 13 mètres plus loin que sa place initiale.

A Oberhausbergen, la translation n’a été que d’un mètre, en fin d’année dernière, mais le maître d’ouvrage, le promoteur Boulle, a « retourné » la construction, la remettant en bord de rue au lieu de l’orienter vers l’arrière-cour.

« Ainsi, nous valorisons un patrimoine qui fait partie intégrante d’un ensemble immobilier par ailleurs neuf : la maison abrite l’un des 27 logements de notre programme », décrit Olivier Kinder, directeur général du groupe Boulle. 

L’harmonie entre l’ancien et le contemporain a été orchestrée par l’architecte Pascal Dossmann, également concepteur de la restauration à Mommenheim.

Mais Brenner a deux autres cordes à son arc. 

 

Il réemploie et restaure des tuiles anciennes, ce qui lui procure environ 30 % de son activité, située au total à 700.000 € de chiffre d’affaires annuel. Et « nous sommes aussi des créateurs de maisons neuves, dans le respect du style traditionnel bien sûr », ajoute le gérant.

 

Stéphane Duchossois expose avec une fierté particulière la maison que Brenner Tradition construit à Eschbach (Bas-Rhin) avec le cabinet d’architectes François & Ansel. « Appuis moulurés, sablières basses, poteaux moulurés, ce projet concentre énormément de savoir-faire », observe-t-il.

 

Le « regain d’intérêt » pour les maisons alsaciennes et leur sauvetage profite ainsi à plein à l’entreprise. Son carnet de commandes est rempli jusqu’à fin 2023 et les commandes se dessinent pour l’année suivante.

« Même un charpentier expérimenté met 5 à 8 ans pour maîtriser toutes les techniques », estime le gérant Stéphane Duchossois.
© Mathieu Noyer

Qui est Stéphane Duchossois ?

C’est un choix personnel qui a amené Stéphane Duchossois à la tête de Brenner Tradition : celui de changer de planète dans la galaxie de l’entrepreneuriat. 

 

Il dirigeait l’entité locale d’un groupe sidérurgique et a souhaité prendre une autre voie. « Entreprise artisanale, à tradition familiale, dotée d’un savoir-faire unique : Brenner Tradition cochait les cases », témoigne-t-il. 

 

Il l’a rejoint en 2017 pour apprendre le métier et s’approprier la culture d’entreprise auprès du dirigeant Cédric Brenner. 

Il a pris les rênes le 1er janvier 2020 mais peut s’appuyer sur son prédécesseur, toujours présent à « temps partiel ».